La face cachée du ghosting

La face cachée du ghosting
By
Maud-Emilie Goyer
Meilleures pratiques /
Marque employeur

Qui n’a jamais vécu ce moment d’attente après une entrevue, rafraîchissant sa boîte courriel dans l’espoir d’une réponse ? Le ghosting n’est pas qu’un phénomène amoureux : il s’invite aussi dans le monde du travail. Ce silence radio après une candidature ou un échange professionnel est souvent associé aux candidats. Pourtant, il arrive aussi que ce soient les employeurs qui laissent un flou. Une candidature sans réponse, une entrevue sans suivi, un processus qui s’étire. Est-ce du ghosting ? Pas forcément. Mais la perception, elle, peut s’y apparenter.

Dans un contexte de rareté des talents, chaque interaction compte. Et si, des deux côtés, on prenait un pas de recul pour comprendre, corriger… et mieux communiquer ?


👉 Côté employeurs : ce n’est pas du ghosting, mais…

Soyons honnêtes, la plupart du temps, les recruteurs ou gestionnaires ne cherchent pas à ignorer les candidats. Les causes sont souvent plus structurelles : processus internes complexes, priorités changeantes, manque de clarté sur les prochaines étapes… ou simplement surcharge. Derrière un silence, il y a rarement de la mauvaise intention. Mais pour un·e candidat·e en attente, le ressenti est tout autre.

Ce qu’un candidat peut ressentir :

  • "Je pense que je n’aurai jamais de nouvelles."
  • "Pourquoi m’avoir rencontré si c’était pour ne pas faire de suivi?"
  • "On dirait qu’ils n’ont pas de respect pour mon temps."

Nos conseils :

  • 🗓️ Établissez un calendrier clair dès le départ (même approximatif).
  • ⏱️ Raccourcissez les cycles de décision, ou informez dès qu’un délai est à prévoir.
  • 📬 Automatisez certains suivis (même pour décliner avec tact).
  • 🤝 Soyez transparent sur l’état du processus. Mieux vaut dire "on est en pause" que de disparaître.

 

👉 Côté candidats : la courtoisie ne devrait pas être à sens unique

Du côté des chercheurs d’emploi aussi, le silence existe. Une fois une entrevue passée ou un échange débuté, il arrive que certains disparaissent sans un mot. Cela peut être dû à un changement de situation, un autre poste accepté, ou simplement un désengagement progressif. Mais pour les recruteurs, ce comportement complique les suivis et la planification. Il est tout à fait possible de rester courtois sans se justifier en détail.

Ce qu’un recruteur peut penser :

  • "Je perds mon temps avec ce candidat."
  • "Difficile de lui faire confiance pour une autre opportunité."
  • "Je ne referai pas appel à cette personne."

Nos conseils :

  • 🙋‍♂️ Désengagez-vous clairement si vous n’êtes plus intéressé·e.
  • N’acceptez pas une entrevue par simple politesse si vous n’avez pas d’intérêt.
  • 🤝 Gardez les ponts ouverts : un « non merci » bien formulé est toujours mieux reçu qu’un silence.

 

📊 Le ghosting, un phénomène partagé

Une enquête canadienne révèle que 77 % des candidat·e·s ont déjà ghosté un recruteur au cours de la dernière année (Indeed/Censuswide). Et du côté des employeurs, 61 % des candidats dans le secteur technologique disent n’avoir reçu aucun suivi après un entretien.

Ces chiffres traduisent un constat clair : le ghosting n’est pas un problème individuel, mais le symptôme d’un manque de communication, de clarté et d’engagement mutuel.


🧭 En finir avec les silences ambigus, et direction vers une culture de clarté

Le ghosting, réel ou perçu, fragilise les relations de confiance. Pourtant, ce n’est souvent qu’un manque d’alignement ou de transparence, plus qu’un manque de respect. Rétablir une communication claire et humaine, même dans le refus, c’est aussi valoriser le temps, les efforts et les attentes de chacun.

Et au-delà du processus, c’est aussi la marque employeur qui se joue. Un candidat ghosté aujourd’hui, c’est parfois un futur ambassadeur, client, ou collaborateur. Une communication claire renforce la crédibilité, l’image et la réputation d’une entreprise. Il est donc important de bâtir des processus de recrutement clairs, transparents et bienveillants. 

Et en tant que professionnel.le en recrutement c’est aussi notre rôle d’outiller les deux parties pour mieux communiquer. Car de chaque côté, il y a des humains.

Un non, un délai, une hésitation, tout peut se dire. Et plus on le dit, plus les interactions professionnelles deviennent saines, fluides, et respectueuses. Parce qu’au fond, un bon recrutement, c’est avant tout une bonne relation. Et toute relation saine commence par une communication assumée, des deux côtés.